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Besoin d'écrire mes souffrances
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17 novembre 2009

C'est ma fin ...

Le banc abimé et vieilli par la patine du temps se tenait toujours fièrement dressé, comme un garde royal. Il était près du bord, mais pas trop près, placé au mieux possible pour ne pas gêner et être plutôt utile. Il n’avait que peu changé, juste quelques rides de plus. Toujours la même allure sur ses pieds massifs ancrés dans le bitume usé depuis longtemps par les milliers de pieds qui avaient parcouru le quai qu’il recouvrait.

La gare était déserte, il n’y avait plus que quelques trains qui se perdaient sur ces rails et s’arrêtaient à de rares occasions comme pour demander qu’on leur indique quelle route suivre. Elle avait beau avoir toujours son gardien qui la bichonnait, l’entretenait, le temps continuait son œuvre et elle avait vieillie. Cette gare pourtant pionnière s’était vu peu à peu écarter des grandes routes, et devenait vieillotte, rustique, presque historique.

Lui était toujours là. Assis comme à son habitude, sur le banc abimé. Toujours à la même place. Espérant chaque jour que le bon train s’arrête et qu’il puisse enfin arrêter de l’attendre. Il avait vieilli, ses vêtements étaient maintenant usés. Ses cheveux épais et grisonnants avaient laissé la place à une toison éparse et blanche. Son visage était maintenant bien plus marqué, par les rides et la vie.

Cela faisait des années qu’il était installé là, à attendre ce train. Parfois, il lui arrivait de bouger un peu du fait de ses douleurs infligées par l’âge. Parfois même il somnolait, épuisé de cette attente interminable. Plus le temps avançait et plus la joie de son visage s’était effacée. Sa bonhommie s’était éteinte, la lassitude et la tristesse avait construits un nouveau masque sur son visage.

Aujourd’hui il s’est endormi et ne se réveillera pas. Son attente fût vaine, son train n’est jamais passé.

C’est ainsi, c’est la vie. La fin de vie d’un rêveur qui a patiemment attendu sans jamais le voir le train du bonheur.

Et dire que chaque jour, il y a plusieurs rêveurs qui s’endorment sans avoir vu passer leur train du bonheur, simplement parce que le réseau est mal fléché et que certains n’ont jamais osé acheter un billet.

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Commentaires
1
Tu as sans doute raison mais faut-il être dans le wagon pour en être convaincu! Et puis le prix est parfois une vrai déchirure, une violence à soit même qui laissent inévitablement des traces, des rainures, des rides, des crevasses. C'est peut-être pour cela que j'aime la peau des veilles personnes car elle raconte toute une vie de bonheurs et de souffrances.
M
Tu ne savais pas que j'avais des dons de voyance ?
M
Merci pour l'encouragement encore 32 ans à attendre, je vais avoir le temps de sécher sur pied.<br /> <br /> Pour passer à côté de sa vie, il faut déjà en avoir une ...
C
Pourquoi écris tu en titre " c'est MA fin " ?<br /> biz
N
La mère d'un de mes amis a fait une belle rencontre à 74 ans...<br /> Mais en restant sur le quai,à guetter anxieusement l'arrivée d'un train,on risque de passer à coté de la vie.
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