Désolation.
Je sens bien votre désarroi devant le mien.
Je vois vos petites attentions qui me touchent et je voudrais pouvoir vous en dire plus, mais je ne comprends pas moi même ce qui m'arrive.
Je me sens comme une coquille vide, plus capable de penser, plus capable d'exprimer.
Comme coupé en deux, d'un coté la carcasse bonne pour la casse avec ce coté gauche qui s'englue de plus en plus, et l'ensemble qui commence à montrer des signes de faiblesse, de l'autre, le vide, le néant, plus capable de réfléchir, de penser, d'aligner des idées, comme si la source de mon imagination était épuisée.
Tiraillé entre la peur de cette chronique d'une fin douloureuse pour une carcasse vieillissante et l'envie que cela arrive vite pour que cela s'arrete vite aussi.
Plus de gout à rien, plus envie de rien, des moments d'absences, un sommeil décomposé par tranches de 2 heures qui semblent ne vouloir m'emporter que le jour ou presque. Du coup je suis épuisé.
Envie de ne plus comprendre, de ne plus ressentir, pour ne pas me voir me dégrader, ne plus penser à ma situation désespéremment bloquée.
Pas envie de sortir ni de voir du monde, ni de contact, ni rien, envie que cela arrive vite, d'être fixé sur ce futur de légume inutile; si seulement Alzheimer ou pire pouvait me prendre pour que cela me soit indifférent, tout oublier, ne plus rien savoir, ne plus rien comprendre, juste attendre sans me rendre compte de rien, ne plus ressentir ce manque de bras dans lesquels me blottir pour me reconforter et me donner le courage de lutter.
Je ne ressemble plus à rien, je ne suis plus capable de grand chose, alors j'attends que le temps passe, un coup pétri de douleur, l'autre la tête je ne sais où, un autre encore transi d'angoisses.
Personne ne peut rien pour moi et je ne peux rien pour personne.